Lors d’expertises ou de conflits entre propriétaires et entrepreneurs, les problèmes lors de traitements, travaux ou poses de revêtement de façade reviennent dans très souvent…
Évidemment, la façade est l’élément, avec le toit, qui est en contact quasi permanent avec les agressions extérieures comme le vent, le soleil, le chaud, le froid, l’eau, le gel…
Dans nos contrées, nous avons aussi des écarts importants de températures: il peut faire -10°c en hiver et en été, une façade au soleil, peut atteindre plus de 80°c!
La difficulté est donc de trouver un produit de protection le plus polyvalent possible, un produit qui accepte d’être arrosé copieusement, pour ensuite être brulé par le soleil et les UV… 6 mois après, ce même produit doit résister au gel et aux tempêtes d’hiver!
Et là, je ne parle pas de l’élément tout aussi important qui est l’esthétique!
Trouver le bon produit ou la bonne solution est parfois une équation impossible et relève d’un exercice périlleux!
Un des produits phares pour préserver ses façades est l’hydrofuge.
Lorsqu’on veut garder l’aspect de sa façade, si on a une brique ou une jolie pierre, par exemple, l’hydrofuge paraît être la solution idéale.
C’est, en effet, un produit transparent et qui est vendu comme une « étanchéité ».
Je mets « étanchéité » volontairement entre guillemets car c’est une fausse idée: un hydrofuge n’est pas filmo-gène et ne va pas ponter les fissures, les trous, les interstices entre la pierre et/ou la brique et/ou le joint.

L’hydrofuge va déposer un film étanche sur la façade et sur les bords de ces fissures

Et donc, lors de pluies accompagnées de vent, l’eau passera tout de même! Il y aura même un effet entonnoir.

Dans le cas de (micro-) fissures, un test d’absorption de la façade à l’aide de la pipe de Karsten sera déterminant sur le résultat réel de l’étanchéité.
J’ai rencontré le problème plusieurs fois et peu importe de type de produit qui avait été appliqué: silane, siloxane, produits en phase aqueuses, en phase solventée, gel, crème, liquide.
Ça se traduisait par des pénétrations d’eau, plus ou moins importantes, 2 ou 3 fois par an lors de tempêtes en hiver ou d’orages en été.
Résultats, les plâtres étaient mouillés, les peintures tachées, il fallait tout refaire à chaque fois!
Le problème d’infiltration était d’ailleurs, souvent, plus important après la pose de l’hydrofuge, qu’avant…
Builwise – CSTC (Centre Scientifique et Technique de la Construction) parle d’ailleurs de ce phénomène dans le Guide Pour la Restauration des Maçonneries, Finitions et protection des façades:
Le caractère hydrophobe d’une façade hydrofugée empêche l’absorption de l’eau, qui forme ainsi une pellicule ruisselante en surface. Ce phénomène, combiné à la pression du vent peut entraîner rapidement d’importantes pénétrations d’eau dans la maçonnerie au droit des fissures, cavités et autres crevasses profondes.
Les cavités et les fissures de plus de 0,3 mm d’ouverture (c’est-à-dire visibles à l’oeil nu) présentes en grand nombre diminuent l’efficacité globale de l’hydrofugation et favorisent les infiltrations d’eau, puisque les produits hydrofuges n’ont pas d’effet bouche-pores.
Dans des cas exceptionnels, l’hydrofugation peut s’avérer totalement inopérante sur des matériaux fortement fissurés ou caverneux. Ceci s’explique par le fait que les sollicitations des cavités et fissures peuvent être plus importantes après une hydrofugation, en raison de l’eau qui ruisselle le long de la façade hydrofugée et pénètre par les ouvertures ponctuelles présentes dans la maçonnerie.
D’autre part, l’eau qui s’est ainsi infiltrée dans les matériaux s’éliminera plus lentement. Étant donné que les transferts d’humidité en milieu hydrophobe ne s’opèrent que sous forme de vapeur d’eau, le front d’évaporation se déplace vers l’intérieur après hydrofugation.
Comme la diffusion de la vapeur d’eau est plus lente que la diffusion de l’eau liquide, le matériau risque de rester humide plus longtemps après l’hydrofugation qu’avant.

En résumé, si il y a des infiltrations d’eau à partir de votre façade et que celle-ci comporte des fissures ou microfissures (dans la brique, dans les joints, entre les briques et les joints), hydrofuger ne va pas régler le problème et risque même de l’aggraver.
Avant la pose d’un hydrofuge, il faut d’abord, si c’est possible, boucher ces fissures.
Si ce n’est pas possible (fissures dans la brique, dans les pierres), il faut opter pour une protection filmo-gène (peinture, crépis, enduit) ou une protection de type un bardage.
Malheureusement, on perd, alors, le caractère esthétique du matériau nu…